Ray-Mont Logistiques : un projet déclaré non conforme qui va trop vite
Anaïs Houde et Cassandre Charbonneau-Jobin, co-porte paroles de Mobilisation 6600 Parc-Nature MHM
[Ce texte a été publié le 25 avril 2022 sur le site du journal de Montréal, et a rapidement été retiré par la suite, Nous vous invitons à contacter le journal pour demander pourquoi l’article a été retiré et signifier votre volonté de le voir publier. Voici le courriel pour écrire faitesladifference@quebecormedia.com]
Samedi, on apprenait dans ces pages que le projet d’installation de la plateforme intermodale de Ray-Mont Logistiques dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve est « paralysé depuis 5 ans ». Pourtant tout va trop vite!
En fait, depuis 5 ans, l’entreprise n’a jamais cessé les travaux. Que ce soit la destruction des boisés, le remblayage et drainage du milieu humide présent sur son terrain, le nivelage du sol ou encore l’asphaltage d’une partie du site… Les travaux vont bon train. Ajoutons aussi les activités qui continuent actuellement malgré l’avis de non conformité du ministère de l’Environnement du Québec émis le 5 avril dernier. Le ministère attend que l’entreprise dépose son projet avant d’évaluer s’il peut lui accorder les autorisations qui lui manquent.
Bien que le projet ne soit toujours pas officiel, l’entreprise entend multiplier par 10 son volume d’activité en s’installant dans Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. L’intensité sera décuplée, impliquant 100 wagons de train et 1000 voyages de camion par jour, 24h sur 24h, 7 jours sur 7.
Des revendications bien plus grandes qu’un parc-nature
Ce sont les élu-e-s, les commerçant-e-s, les organismes communautaires et les résident-e-s qui s’unissent pour la justice environnementale et une vision collective du développement. Habiter dans une zone historiquement industrielle réduit notre espérance de vie de 6 ans et nous expose à de plus grands risques de maladies cardio-respiratoires que le reste de Montréal. C’est la santé de nos enfants et de nos familles qui est menacée ici.
Le manque d’espaces verts est criant. La présence de déserts alimentaires est injustifiable. L’augmentation des inégalités qui se manifeste par l’itinérance et la crise du logement est indécente. Le projet d’augmentation des activités industrialo-portuaires lié à Ray-Mont Logistiques et les deux projets de développement d’infrastructures routières dans le secteur ne répondent à aucune de ces problématiques. À cela s’ajoute aussi le REM de l’Est qui serait aérien et passerait par-dessus les deux viaducs du port déjà présents. Un mini échangeur Turcot mêlé à de l’industrie lourde à moins de 100 mètres d’un CHSLD et de résidences qui étaient déjà là bien avant que Ray-Mont Logistiques n’achète le terrain.
Du « pas dans ma cour », vraiment?
Les problèmes liés à l’augmentation des activités industrialo-portuaires sont multiples et dépassent largement le « pas dans ma cour ». C’est pourquoi les citoyen-ne-s ont reçu l’appui des deux députés, Alexandre Leduc au provincial et Soraya Martinez Ferrada au Fédéral, celui de la Société de développement commercial d’Hochelaga-Maisonneuve, l’Association québécoise des médecins en environnement ainsi que de nombreux organismes communautaires. Le palier municipal ne peut pas se prononcer puisque l’entreprise attaque en justice la Ville, et donc tous les citoyen-nes de Montréal, pour 373 millions de dollars!
Dans un contexte de crise sociale et écologique, d’autres projets sont possibles pour prendre soin de la santé publique, de la vitalité d’un quartier et de l’environnement. Mobilisation 6600 parc-nature MHM en a déjà proposé plusieurs en phase avec les recommandations du GIEC. Décontamination des sols par les plantes, agriculture urbaine, préservation des espaces verts et corridor de mobilité active en sont quelques-unes.
Les alternatives fleurissent, il faut les saisir pour ne pas répéter les erreurs du passé.